La reine de Vendôme

La reine de Vendôme

Et un nouvel auteur chez Mnémos, un ! Après Johan Héliot et Nicolas Jarry, voici encore une fois le premier livre d'un jeune écrivain chez cet éditeur. Une bien sympathique tradition. Né en 1968, Colin Marchika exerce à 32 ans le métier de statisticien à Paris. Une profession qui n'a pas franchement de rapport avec l'écriture qu'il pratique depuis 16 ans. Et pourtant voilà un homme de chiffres embarqué dans l'aventure de la fantasy avec un roman dont la quatrième de couverture parle comme d' "un hommage à Roger Zelazny". Pour un premier ouvrage, la comparaison est audacieuse et sans doute essentiellement commerciale. Passons…

Le ménestrel et la promesse

La Reine de Vendôme est le début d'un cycle qui s'annonce plutôt bien. Colin Marchika a décidé de narrer les aventures d'un ménestrel un peu bizarre, Eyr. Sous ses habits en loques, il cache plusieurs siècles d'existence, un bretteur étonnant et une bonne pratique de la magie. Autant dire que le personnage est mystérieux. Pourtant toutes ces qualités ne lui montent pas à la tête. Il a depuis longtemps choisi de rouler sa bosse sur les routes comme vagabond plutôt que de fréquenter assidûment la compagnie des grands de ce monde.

Malheureusement il va devoir reprendre ses plus beaux habits. Sur un champ de bataille, le chevalier Corneille lui a confié une mission en mourrant : transmettre son épée à son fils à la cour de Vendôme et y rapporter la nouvelle de sa mort. Mais une fois sur place, tout se complique. La reine le retient contre son gré et l'implique dans une guerre avec son ennemi de toujours Jered. Voilà qui ne plait vraiment pas à Eyr. Mais il n'a pas le choix, d'autant plus qu'il se retrouve maître d'arme du fils du chevalier Corneille. Un engagement sur du long terme. Et Eyr n'est pas au bout de ses surprises.

Vivement la suite

Le personnage d'Eyr est franchement sympathique. En fait, il est un héros presque idéal : fort, intelligent, mystérieux, expérimenté, vif d'esprit, impertinent et humble. Et en même temps, il a quelques faiblesses salutaires. Bref, il est attachant. Ce sentiment est renforcé par une narration particulière car difficile à maîtriser : le présent de l'indicatif à la première personne du singulier. En effet, Eyr est aussi le narrateur de l'histoire et s'adresse directement au lecteur, renforçant ainsi sa connivence avec lui. Et au final, on a plutôt envie d'y croire. Si l'intrigue en elle-même n'est pas totalement renversante, le style, la narration et le personnage principal accaparent l'attention. On prend du plaisir avec ce premier tome. C'est une réussite. Vivement la suite.