Initiation à l'ontologie de Jean-Claude Van Damme
Vous connaissez tous Jean-Claude Van Damme. Mais saviez-vous que Van Damme avait une âme ? Saviez-vous que Van Damme avait même de l’esprit et que les savants les plus érudits se penchaient sur son ontologie ?
Non ? Et bien, lisez le brillant essai de Monsieur Vandermeulen aux éditions 6 Pieds Sous Terre, dans la collection « Petite bibliothèque des cultures contemporaines » aux rayons « Philosophie » et « Arts Martiaux ». Le belge, et néanmoins lumineux, professeur Léopold Ferdinand-David Vandermeulen nous initie à une ontologie d’un nouveau genre, en mettant à la portée de tous le concept aware et la pensée en mouvement de Van Damme.
Rien à voir avec les filmographies ludiques de Mabrouk El Mechri (JCVD) ou de Frédéric Bénudis (Dans la peau de Jean-Claude Van Damme). Monsieur Vandermeulen ne s’intéresse pas à l’acteur, mais à l’homme, à son essence et à sa philosophie. L’important, c’est ce que Jean-Claude Van Damme peut nous dire sur le monde.
Mais, direz-vous, pourquoi Van Damme ? Et pas Schopenhauer ou Vandermeulen ? Tout simplement, parce que JCVD, l’idole d’une génération, est trop aware. Et, comme le démontre notre professeur, parce que Van Damme a la jeunesse dans l’âme et l’esprit imbibé de fun, d’easy et de concepts qui fightent !
Le néant en mouvement
Le propos est clair : il s’agit « de familiariser le lecteur avec la méta-problématique de l’acteur-gymnaste et sa façon unique d’aborder la vie ». Monsieur Vandermeulen expose donc sa vision de l’ontologie vandammienne en trois temps : la praxis (l’homme, sa raison chaotique, son comportement et son langage), la doctrine (le concept aware) et l’exégèse (les commentaires des experts). Cette étude, d’une grande rigueur intellectuelle, balaie l’ensemble des théories en vigueur sur l’acteur-prophète (la bêtise, la cocaïne, la raison altérée, l’alien, l’autodérision, l’anti-cerveau, l’imitation ratée) et passe son ontologie au crible des analyses les plus exhaustives (approches cinématique, behavioriste, clinique, neurocognitive, phrénologique, phénoménologique, chaotique, scolastique, herméneutique).
On y fait des découvertes surprenantes : Van Damme a la bosse de Schlaft, il salue d’un coup de pied arrêté (high kick), il est atteint de balustrada (grand écart sur balustrade), son encéphalogramme a révolutionné notre approche du cerveau, son encéphale est régressive et noyautée par l'antimatière, il est le plus grand prophète holliwoodiste, loin devant les prévandammiens Stallone, Lundgren, Schwarzenegger ou Seagal. Ce livre est une mine de révélations.
On y aborde la pensée aware comme aucun métaphysicien ne l’avait osé avant, car Van Damme vit réellement « dans une relation spéculaire autonarcissique dégagée de la conscience de l‘autre, auto-définie, résolvant en elle-même tous les paradoxes gödeliens ». Mais c’est sans doute la phénoménologie du néant qui permet de cerner le mieux l’awarisme : la kinéstémologie est une dynamique du rien.
Euphorisant !
Trêve de plaisanterie. Si vous voulez verser dans le superfétatoire essentiel, dans la philosophie du biceps, dans le matérialisme du zygomatique, si vous voulez rire aux larmes, plongez-vous dans l’ontologie de Jean-Claude Van Damme ! C’est drôle, c’est intelligent, c’est plein d’illustrations réalistes (de l’auteur) sur le mode publicitaire des almanachs d’antan. C’est érudit. C’est méchant. Mais qu’est-ce que c’est poilant !
Partant de déclarations fracassantes de l’acteur belgo-américain, de son comportement parfois ésotérique (pour ne pas dire erratique) et du mythe antinomique qui l’entoure, David Vandermeulen parodie l’érudition de façade : utilisation de néologismes, références aux théories les plus convenues, fausse modestie, mixité des sources d’information, exhaustivité des analyses, multiplicité des points de vue, etc. Il se livre avec un réel brio à un discours savant sur le néant qui devient rapidement un discours brillant sur l’inanité des discours savants.
A domo, à moto, dans le métro, au boulot, lisez Initiation à l’ontologie de Jean-Claude Van Damme. C’est phénoménal. C’est nouménal. Et bientôt remboursé par la Sécurité Sociale !