Pour quelques deniers de cuivre

Pour quelques deniers de cuivre

Voici donc, après Cœurs d'Or à l'Amer, le troisième volume des aventures du détective privé Garrett : Pour quelques deniers de cuivre (édition originale 1988). Cette série de Glen Cook (10 volumes déjà outre-Atlantique) est un peu spéciale, puisqu'elle met en scène un détective privé dur au cœur tendre, dans la grande tradition du genre, mais dans un univers de fantasy, lui aussi tout à fait classique, avec des elfes, des nains, des ogres, des fées, des sorciers... Plus quelques autres inédits.

Glen Cook a choisi ses titres (et pour les trois déjà traduits, le traducteur, Jean-François Le Ruyet, a fait un effort louable pour conserver cette particularité) en déformant des expressions connues, pour qu'elles contiennent un nom de métal, différent à chaque fois. On a ainsi  Sweet Silver Blues (La Belle aux bleus d'argents), Bitter Gold Hearts (Cœurs d'Or à l'Amer), Old Tin Sorrows, Dead Brass Shadows, Red Iron Nights, Dead Quicksilver Lies, Petty Pewter Gods, Fadded Steel Heat, Angry Lead Skies... 

Si on ne peut même pas se fier à la religion..  

Tonnefaire offre un vaste choix de religions (déclinées en différentes versions) aux croyants. Enfin, à condition que ceux-ci soient humains, bien sûr ; manquerait plus qu'il faille aussi s'occuper de tous les êtres inférieurs dénués d'âme comme les elfes, les trolls et compagnie. Mais en ce moment, c'est plutôt une crise de la foi : les reliques de St. Terrell, l'un des rares saints sur lesquels plusieurs religions s'accordent, ont disparu. Evidemment, toutes les turpitudes et vices cachés des religieux des différentes églises en profitent pour refaire surface...

Dans cette atmosphère un peu chargée, Garrett reçoit à son corps défendant une cliente bien tentante. Son instinct lui hurle de refuser l'affaire...

Dans la grande tradition du genre...  

Garrett a le vague à l'âme. Devoir tuer, sauf dans le feu de l'action, pour protéger sa peau, lui a toujours posé problème, mais là, ça empire, d'autant que les cadavres s'accumulent, et ses amis mêmes sont attaqués. Et pour couronner le tout, il nage complètement, parce que comme d'habitude, le rondrun dort quand il a besoin de lui... 

Le véritable héros de cette histoire, c'est Tonnefaire. C'est la ville qui, par sa bigoterie, ses exclus et ses intolérances, cesse d'être une simple toile de fond plus ou moins vraisemblable, et prend définitivement une certaine épaisseur. Glenn Cook prouve de nouveau sa capacité à créer un vrai, bon roman noir, et démontre que Terry Pratchett, avec les aventures de Sam Vimaire, n'est pas le seul à pouvoir faire vivre le genre.

Une nouvelle aventure, qui, si elle n'est pas inoubliable (ce qui, dans ce genre, est loin d'être rédhibitoire), promet au lecteur quelques heures fort agréables...