Dragon

Christian Vila est avant tout auteur de romans, science-fiction, terreur ou policier. Il a aussi travaillé comme scénariste à la télévision et écrit l'histoire de la série Neurotrans.  Stéphane Collignon est dessinateur de bandes dessinées et de couvertures de livres. Il réalise la série Lex et a participé au collectif Requiem Tenebrae. Il dessine actuellement la série Neurotrans.

Pour quelques instants d'immortalité...

La guerre fait toujours rage entre Body.S.A. et Neurotrans. Même l'arbitrage de l'UNC n'arrive pas à calmer le jeu. Pendant ce temps, dans l'ombre, plusieurs opérations se préparent, des complots se tissent, s'entremêlent. Un martien bourré d'Iog se pose sur Terre pour y être assassiné puis ressuscité, assassinats et arrestations s'enchaînent...
Dans cet univers où l'immortalité s'achète, les inégalités sont énormes. Entre ceux qui peuvent s'offrir de nouvelles vies après leur mort, ceux qui ne peuvent subsister qu'en tant que fantômes informatiques et ceux pour qui la mort est définitive, la marche est immense. D'où une grogne, un sentiment d'injustice et une volonté de revanche qui sourde dans la population.
ela ira-t-il jusqu'à détruire le rêve inaccessible ?

Un monde en noir... et noir.

L'univers dessiné par Stéphane Collignon est sombre, pesant. Une sorte de remake d'un Blade Runner hyper-technologique. Ici, pas de cyberpunk, de déchéance humaine ni de post-apocalypse. Juste un futur proche de nous, gangrené par cette immortalité qui est loin d'être le miracle tant espéré.
Les dessins sont en rouge et noir, sombres mais précis. Les cases  disposées avec habileté le long des pages sont remplies de petits détails, de petits éclats du monde. L'ensemble forme un tout sans jamais occulter l'action et les protagonistes qui occupent l'avant-plan. Le dessinateur s'est bien amusé pour inventer des machines, des immeubles et des appartements qui ne sont que peu, et subtilement, différents de ceux d'aujourd'hui.
Le scénario ressemble au dessin. De multiples intrigues, des rencontres et des clins d'oeil qui tracent une piste au travers d'une histoire complexe, touffue, dans laquelle il n'est pas possible de discerner les bons des méchants, ceux qui ont le droit pour eux des truands. Chaque personnalité existe pour elle-même, sans jamais tomber dans l'archétype. Même le Iogaï, ce martien étrange, est au fond bien humain. On sent que l'univers est bien plus étendu, plus large que ce qu'en montre les deux premiers albums de Neurotrans. A voir ce qu'en montreront Collignon et Vila par la suite.
On peut juste regretter un peu que les auteurs aient mis l'accent sur certaines personnalités particulières, sans nous donner un aperçu plus complet de la vie du simple citoyen de ce monde dans laquelle même la mort se soigne si l'on y met le prix.
Cette série fonctionne bien, c'est une machine qui emporte le lecteur vers un but que seuls connaissent ses auteurs. Une histoire agréable à lire, à regarder, une aventure dont on attend la suite avec impatience.