L'homme-nuit
Raule et Gabor sont deux auteurs espagnols nés dans les années 1970. Tous deux ont suivi un cursus artistique orienté vers l’écriture pour le premier, le dessin et l’animation pour le deuxième. Raule a collaboré avec Michel Chavez pour le lancement du fanzine Tribulaciones ou les séries Lady Down et Violencia Sonica. Puis il s’associe avec Roger Ibáñez pour de nombreuses BD, dont Jazz Maynard.
De son côté, Gabor a travaillé au studio Tridente Animation S.L. dès 1996 où il collabore sur de nombreux projets d’animation dont Cédric, Agrippine, Papyrus ou des films tels que Le Cid ou Astérix et les Vikings. Il y rencontre aussi Juan Diaz Canales avec qui il publie Les Patriciens après avoir réalisé Greenworld avec François Debois. Aujourd’hui, ces deux auteurs s’associent pour signer la nouvelle série BD Isabellae.
Une guerrière meurtrie cherche sa soeur
Isabellae n’est pas une jeune fille comme les autres. Non seulement sa chevelure rousse tranche violemment dans le Japon médiéval cadre de ses aventures, mais elle porte aussi des sabres affûtés et gagne sa vie en tant que chasseuse de primes. Fille d’une sorcière irlandaise et d’un grand samouraï, elle voyage depuis 7 ans pour retrouver sa sœur accompagnée du fantôme de son père. Cherchant à exorciser son passé, elle laisse un sillage de sang derrière elle. Mais son destin finit par la rattraper et des choix devront être faits.
Une étrange histoire de famille, de magie celte et de sabre
La plume et l’encrage affûtés et équilibrés de Gabor précipite le lecteur dans l’histoire dès les premiers pages d’Isabellae. Dynamique et percutant, le style du dessinateur souligne les détails, sublime les actions tout en maîtrisant la finesse des émotions des personnages. Ceux-ci, créés par Raule, sont des plus atypiques. Rarement nous avons rencontré une héroïne qui détonne autant dans son époque, d'origine celte mais vivant dans le Japon médiéval. Touchante et attachante, le lecteur se prendra vite d'affection pour elle, si forte et pourtant si vulnérable. Car si Isabellae maîtrise son sabre à la perfection, de sombres et nombreuses blessures torturent son âme, la poussant sans cesse à chercher sa sœur. Les personnages secondaires sont aussi très bien construits, tant le fantôme du père que le bandit ou l’apprenti-moine, tous deux compagnons involontaires rencontrés en chemin.
Les scènes d’action sont nombreuses mais très graphiques. Elles sont aussi équilibrés avec de l’humour et des scènes plus tragiques ou sensibles. L’auteur dose aussi révélations sur le passé ou le futur d’Isabellae et mystères restant à élucider, prolongeant ainsi le suspense bien après la dernière page. Ce savant mélange fait du premier tome d’Isabellae un très bon moment de plaisir que les lecteurs attendront avec impatience de renouveler avec la suite de ses aventures.