La Clé des vents
On ne présente plus Stephen King, maître du fantastique et de l'horreur américain, auteur de romans cultes comme
Shining,
Le Fléau,
Carrie,
Ça ou, plus récemment,
Dôme ou encore
22/11/63.
La Tour sombre est son grand œuvre, débuté au début des années 1970, alors que l'écrivain est encore étudiant. Composé de sept tomes, ce cycle comparable à nul autre mélange fantasy, western et horreur et inclut également de nombreuses références à d'autres ouvrages du King. En 2012, huit ans après la parution du dernier tome éponyme, un nouveau volume intermédiaire paraît :
La Clé des vents. Chronologiquement, il s'insère entre
Magie et Cristal et
Les Loups de la Calla et peut être lu indépendamment du cycle.
Une histoire dans une histoire dans une histoire
Roland de Gilead et son ka-tet viennent de quitter le Palais vert et sont de retour sur le Sentier du Rayon. Une chaleur inhabituelle et l'étrange comportement de Ote, le bafou-bafouilleux, font craindre au pistolero un coup de givre. À peine les quatre amis ont-ils eu le temps de se mettre à l'abri dans un bâtiment d'un village abandonné que l'effroyable tempête est sur eux. Commencent alors de longues heures d'attente bercées par une histoire venue du passé du pistolero...
Bien loin du souffle de la Tour sombre
Ce volume intermédiaire, écrit bien après la fin de la Tour sombre, s'insère entre deux épisodes mais n'apporte rien de plus à l'histoire. En préambule, l'auteur lui-même prévient ses lecteurs qu'il n'est même pas obligatoire d'avoir lu le cycle pour découvrir cette histoire. Et de fait, les retrouvailles avec Roland et son ka-tet sont de courte durée : à peine une poignée de pages en terme d'introduction, de prétexte pourrait-on même dire. Car le sujet de ce livre très court est un épisode du passé du pistolero, alors au tout début de sa carrière, alors qu'il est envoyé dans une petite bourgade loin de tout pour régler le problème d'un supposé garou.
Au début de la lecture de cette histoire, on ne peut s'empêcher d'être impatient à l'idée de se replonger dans cet univers grandiose, de découvrir un moment-clé dans la vie de Roland, qui éclairera peut-être sous un jour nouveau une partie du cycle. Pourtant, au fur et à mesure que le récit avance, la perplexité s'installe : où se cache l'intérêt de cette histoire ? Où l'auteur veut-il en venir ? Stephen King est un écrivain chevronné et l'on se fait facilement happer par les péripéties puis par la seconde histoire. En soi, le roman n'est pas mauvais mais l'auteur nous a habitués à beaucoup mieux. Et puis, il y a cette désagréable impression de vide qui ne s'en va jamais tout à fait. D'autant plus qu'aucune révélation n'est à attendre et les deux histoires restent somme toute banales et prévisibles. C'est à peine si l'on en apprend un peu plus sur les circonstances tragiques ayant entouré la mort de la mère de Roland.
Au final, on se demande vraiment quel était l'intérêt de l'auteur à revenir dans cet univers si dense. Les fans de la
Tour sombre risquent de ne pas trouver leur compte et seront sans nul doute déçus du manque d'ambition de ce livre en regard à la série dans son entier. Quant à ceux ne connaissant pas le cycle, il y a fort à parier qu'une histoire aussi moyenne ne leur donne guère envie de se lancer dans l'aventure... ce qui serait une grave erreur. Alors un conseil : si vous n'avez pas encore dévoré la
Tour sombre, zappez cet épisode dispensable et courrez vous procurer
Le Pistolero.