Black-out
Connie Willis, Américaine née en 1945, est une écrivaine multi-primée qui s'est fait un nom dans le domaine du voyage temporel avec
Le Grand Livre, Sans parler du chien, Les Veilleurs du feu et son diptyque
Blitz (Black-out et
All Clear).
À la découverte de la Seconde Guerre mondiale
Polly, Merope, Mickael et d'autres sont des étudiants en histoire vivant en 2060. Or leur discipline a complètement changé depuis que les voyages dans le temps sont devenus possibles...
Spécialisés sur la Seconde Guerre mondiale, ils mènent donc leurs études sur le terrain, au plus fort de la guerre, et vont devoir relever plusieurs défis : ne pas se faire repérer, éviter les endroits dangereux, réussir à rentrer à temps dans leur époque...
Ces tâches déjà bien difficiles se transforment soudain en pièges lorsque les points de transfert ne répondent plus et que la question des paradoxes temporels vient les hanter : en effet, il ne faut surtout pas changer le cours de l'Histoire...
Le principe du voyage dans le temps
Ce roman attaque in medias res, avec très peu d'explications sur cette société du futur qui possède la technologie du voyage dans le temps : pour ceux qui ne connaissent pas l'univers de Connie Willis, il faut s'accrocher (et lire la 4e de couverture) ; pour les autres, ce n'est pas évident non plus.
Une fois l'intrigue installée, on réalise ce que voyager dans le temps signifie : il faut avoir la panoplie de l'époque (vêtements, argent), il faut parler la langue avec l'accent voulu et les bonnes expressions, il faut se fabriquer un personnage avec une histoire cohérente et des papiers d'identité, il faut connaître le métier (journaliste, vendeuse...) que l'on prétend pouvoir exercer dans l'époque choisie. Tout cela à grand renfort d'objets et d'implants réalisés par des laboratoires comme Garde-robe et Fournitures. C'est dire l'organisation que ça suppose. Et on peut saluer au passage le travail de recherches historiques réalisé par l'auteure.
L'Histoire et ses dangers
Et tout cela sans se mettre en danger. Ces étudiants âgés d'environ 25 ans se rendent dans des périodes historiques particulièrement dangereuses (la guerre, les bombardements, les épidémies), ils doivent éviter les endroits qui seront bombardés - tout en essayant quand même d'étudier les gens et les événements au cœur de ces lieux à fuir. Cela fait penser à la problématique du journalisme de guerre, où on cherche à être au plus près du danger sans se mettre en danger soi-même. Et comment faire si les renseignements sur les lieux détruits ne sont pas fiables ?...
Et par-dessus tout, le plus important : ne pas changer le cours de l'Histoire. Mais que peut faire Mickael lorsque le hasard l'emmène à Dunkerque, un point de divergence, un point de l'espace-temps à éviter coûte que coûte car on risque de modifier définitivement l'Histoire ?
Un roman un peu brouillon
La construction de cette première partie est un peu brouillonne, avec une profusion de personnages qu'on a parfois du mal à identifier (Ernest et Cess ont-ils un rapport avec les voyages dans le temps ?) et qu'on a tendance à oublier d'un chapitre sur l'autre.
Il est également un peu dommage que le mouvement général de l'intrigue se laisse si facilement deviner : on comprend très vite que Merope ne parviendra pas à se débarrasser des enfants insupportables dont elle est chargée, que tous les points de transfert vont poser problème, que les trois personnages principaux (Polly, Merope et Mickael) vont chercher à se rejoindre en 1940.
Une focalisation sur des personnages très humains
Pourtant, malgré le manque de surprise, on est entraîné dans les aventures de ces étudiants qui vont d'obstacle en obstacle et parviennent à tenir le coup, à s'organiser, à ne pas céder à la panique, tout en réagissant de manière très humaine aux gens et aux événements qui les environnent. On est ainsi happé par le récit, et très déçu lorsque celui-ci s'arrête sans fin véritable, sans que l'on sache ce qui s'est passé et comment les personnages vont pouvoir rentrer chez eux. Avec près de 800 pages bavardes et un peu brouillonnes, on reste sur notre faim, ce qui est quand même dommage.
Et la suite ?
Un bon roman donc, quoique inutilement bavard (on se perd dans des détails sans importance) et long, mais passé quelques dizaines de pages, on s'attache aux personnages et on veut connaître... la suite.