Brèche dans l'espace

 

Dans la production pléthorique de Philip K. Dick (plus de 40 romans et de deux cents nouvelles), il faut séparer le bon grain de l’ivraie, trier les œuvres majeures et mineures : sacré travail pour l’amateur et le critique. Brèche dans l’espace, s’il n’a pas le brio d’Ubik, du Maître du haut château et de Glissement de temps sur Mars appartient cependant à une période créative de la vie de l’auteur (la seconde moitié des années 1960) où celui-ci sait ce qu’il veut et ce qui l’intéresse : réflexion sur le vrai et le faux (les fameux simulacres), la nature de la réalité, les doubles (comme les réplicants de Blade Runner). Et ces thèmes traversent Brèche dans l’espace.

 

 

En cette fin du 21^e siècle, le monde, particulièrement les États-Unis, a mis en place un système de cryogénisation pour faire face à la surpopulation, en attendant la colonisation de nouveaux mondes. Les grossesses sont rares, des conseillers en avortement supervisent les familles, à l’écoute de leurs états d’âme… Cela n’empêche pas les gens de l’élite d’aller se détendre avec des prostituées à bord du satellite de la Porte d’or, tenu par un mystérieux mutant siamois nommé George Walt.

 

En pleine campagne électorale, Jim Briskin, suspect pour beaucoup à cause de la couleur de sa peau, est prévenu qu’on vient, par mégarde, d’ouvrir une brèche : un autre monde, apparemment vierge, vient d’être découvert. Il l’annonce dans un discours qui lui amène la faveur du public. Mais ce nouveau monde est en réalité un monde parallèle, une autre Terre qui a subi une évolution bien différente. On en entreprend cependant la colonisation, bien qu’il y ait d’autres occupants, une race d’hominidés à qui certains promettent le destin des Indiens du 16^e siècle : vont-ils se laisser faire ?

 

 

Roman mineur et pourtant complètement réussi, Brèche dans l’espace brasse les thèmes dickiens à un moment où l’auteur a atteint sa maturité (contrairement à Docteur futur par exemple). On retrouve ici le thème du mutant, voire même du faux mutant (encore le faux, encore le simulacre)… et puis soyons clairs : le premier contact revu et corrigé par Philip K. Dick, ça peut valoir le détour.