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Anges de fer, paradis d'acier

Serge Brussolo ( Auteur), Georges Clarenko (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 29/05/15  -  Livre
ISBN : 9782070462124
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SylvainB   - le 31/10/2017

Anges de fer, paradis d'acier

Le maître iconoclaste
 
Serge Brussolo est un monument de la science-fiction française. Depuis son recueil Vue en coupe d’une ville malade publié à la fin des années 1970, il n’a jamais quitté le paysage littéraire, livrant des classiques comme Le Syndrome du scaphandrier (où on trouvait déjà un David Sarella), La Nuit du bombardier ou Mange-monde publiés dans la défunte et regrettée Présence du futur. Il proposait une écriture incisive, drôle, violente (il est le contemporain de Joël Houssin) et assez iconoclaste. De plus, il n’hésita pas à déclarer un jour dans une interview au Quotidien de Paris (un journal disparu du monde d’avant internet) qu’il détestait « le space opera et la science-fiction avec des fusées ». Brussolo, c’est clair, n’a pas froid aux yeux. Véritable « forçat des lettres », il s’est imposé également dans le roman historique et a tenté avec Frontière barbare un retour dans le monde de la science-fiction. Anges de fer, paradis d’acier en constitue la suite (quid d’un volume trois ?) : cela en vaut-il la peine ?
 
Le chemin du héros ?
 
Après avoir perdu sa femme Ulla (victime de son ADN alien), David Sarella s’est mis au service du pape Nothanos III… Qui n’est qu’un clone de l’original : David a ramené de la planète Ozataxa la « recette » du clonage et Nothanos s’en est servi pour lui-même. David, que sa fille July a rejoint, se voit confier la mission de « préparer » la planète Almoha à l’arrivée de l’Église de Nothanos III. Pour ce faire, il se voit octroyer l’aide de créatures « divines » (des mutants ?) capturées par des forces militaires terriennes, afin de « terraformer » Almoha. Mais cela va-t-il être aussi simple ? Surtout avec son fils Kevin, devenu terroriste, qui s’infiltre dans son équipe grâce aux dons de métamorphe que lui a légués sa mère Ulla ? David va devoir jouer serré.
 
Un punk en science-fiction
 
Avec ce livre, Brussolo reste fidèle à lui-même : tout le monde en prend pour son grade ici ! Les Églises bien sûr mais aussi l’armée, les mercenaires, les hommes et les femmes… Revenons juste sur la religion car dans les temps confus que nous vivons, le sceptique Brussolo s’affiche clairement comme un pourfendeur des travers du catholicisme (clairement visé à travers l’Église de Nothanos III), y compris le dogme de la résurrection des corps (je laisse le lecteur découvrir). Cependant, nous sommes en 2015 et non en 1975 : l’Église catholique est-elle réellement aujourd’hui le seul suppôt de l’obscurantisme, voire du complot, dans le monde ? On note aussi la façon dont l’auteur traite son personnage principal : sans charisme, peu porté vers l’action, David est de plus méprisé par ses enfants (c’était déjà le cas avec sa femme dans Frontière barbare). Il est l’anti-héros parfait.
 
Anges de fer, paradis d’acier est très efficace et peut plaire aux amateurs. Reste que le critique sourcilleux sent trop clairement que l’auteur a un compte à régler avec la science-fiction qui, à la longue, peut desservir son propos. Au final, que garder de ce roman ? Le souvenir d’un jeu de massacres iconoclaste et démythifiant. On posera pour finir une question qui fâchera peut-être : ce qui était utile et jouissif dans les années 1970 et 1980 a-t-il encore du sens aujourd’hui ?

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