Hellboy au Mexique

Hellboy au Mexique

La publication de ce Hellboy au Mexique, album d’histoires conçues par son créateur Mike Mignola autour d’un moment oublié de la carrière de son héros, constitue une occasion de revenir sur la carrière hors norme de Richard Corben, né en 1940. Après des débuts dans l’animation, il se lance dans la création de comics underground, en particulier sa propre série anthologique Fantagor. En 1970, il passe à la vitesse supérieure en illustrant des histoires d’horreur pour l’éditeur Warren dans des périodiques comme Creepy ou Eerie.

Il est surtout connu pour sa saga Den qui raconte l’histoire d’un jeune homme dans le pays imaginaire de Neverwhere. Den y devient un guerrier musculeux qui se promène le plus souvent nu et vit d'improbables aventures érotico-fantastiques. Dans Den, signalons à l’amateur curieux qu’on retrouve à la fois les influences de Lovecraft, Howard et d’Edgar Rice Burroughs. Richard Corben collabore ensuite avec Bruce Jones, et Harlan Ellison (Vic and Blood).

Il attendra les années 2000 pour toucher au comics de super-héros, essentiellement sur deux mini-séries : Banner, en quatre épisodes consacrés au personnage de Hulk, sur un scénario de Brian Azzarello (l’homme qui bûche sur Dark Knight III et les concepts développés par Frank Miller). Puis il y aura Punisher : The End,  scénarisé par Garth Ennis qui met en scène les derniers jours du personnage dans le futur. Dans ces années-là, Richard Corben accepte aussi de collaborer avec Mike Mignola, créateur peut-être plus proche de son univers graphique. Tout cela en valait-il la peine ?

Lost weekend pour Hellboy…

Que s’est-il donc passé en 1956 pour qu’Hellboy déserte les écrans radars ? Dans un vieux bar du Mexique, Hellboy raconte ce qui s’est passé à Abe Sapiens… Il y avait des apparitions de vampires dans un petit village et Hellboy s’est retrouvé par la force des choses à devoir faire équipe avec trois frères lutteurs.

Il sympathise avec le plus jeune, Esteban. Ce dernier est enlevé un soir… Hellboy et ses frères remuent ciel et terre pour le retrouver. Ce dernier se produit sous le nom de Camazotz et Hellboy l’affronte. Constatant qu’il est devenu lui aussi un monstre,  il finit par le tuer. Notre héros commence alors une dépression qui le pousse à l’errance. Hellboy est devenu alors lutteur et catcheur, mais le surnaturel ne tarde pas à le rattraper…

Une anthologie réussie

Il ne faut pas bouder son plaisir devant une anthologie aussi sympathique : Richard Corben, Mike Mignola, Dave Stewart ou Mike McMahon livrent tous une prestation graphique irréprochable. On retrouve une ambiance teintée de surnaturel, de fantastique avec des dialogues souvent drôles (le Hellboy aime l’humour et Mignola cultive très bien son côté blasé).

Signalons ici la dernière histoire du recueil, La maison des morts vivants, qui réussit à croiser le mythe de Frankenstein et les goules, très savoureux. Cet album est donc une réussite.