Au-delà du gouffre
Un auteur de hard science
Biologiste de formation, Peter Watts s’est imposé avec la trilogie des « Rifteurs », comprenant
Starfish,
Rifteurs et
Behemoth. C’est cependant
Vision aveugle qui l’a imposé. L’histoire de Siri Keeton, un « homo vampiris » envoyé découvrir qui a pris une gigantesque photo de la Terre, a été nominé à tous les prix (Hugo, Nebula, Locus). Le lectorat connaît moins le talent de nouvelliste de Watts, qui a obtenu le prix Hugo pour « L’île » en 2010, reprise dans ce recueil édité par Le Bélial.
Au-delà du gouffre n’a pas d’équivalent en langue anglaise
Des talents variés
Au-delà du gouffre débute une réécriture de The Thing de John Carpenter (attention chef-d’œuvre), donnant la parole à la créature. « Les choses » séduit par ce choix de la narration à la 1re personne, dévoilant une intelligence non humaine qui contamine les créatures vivantes et assimile aussi d’une certaine façon la nature humaine. « L’île » donc séduit aussi par l’ampleur de sa vision cosmique. Nous nous retrouvons à bord d’un vaisseau où l’IA a fabriqué un humain et où ne reste comme équipage qu’une vieille femme. Embarqué dans un voyage sans fin, le vaisseau Eriophora fait une étonnante rencontre. Fascinant et enthousiasmant. Comme Egan, Watts est aussi fin psychologue : « Chair faite parole » raconte la difficulté du deuil chez un homme qui ne veut pas se remettre de la mort de sa compagne dix ans auparavant.
Des prolongations de ses romans
Watts utilise aussi la nouvelle pour explorer des thèmes ou des personnages issus de ses romans. Le colonel reprend l’univers de Vision aveugle et de sa suite Echopraxie. « Une niche » et « Maison » se situent dans le même univers que la trilogie des « Rifteurs ». Et à chaque fois c’est réussi. Un recueil à lire absolument qui monte la richesse de l’inspiration de Peter Watts.