Revival
Est-il nécessaire, à l'heure actuelle, et ce depuis quelques années déjà, de présenter Stephen King? Auteur américain au succès monstre, c'est justement dans l'horreur qu'il s'est fait une place. Ainsi, avec
Carrie,
Shining,
Cujo, ou encore
Ça il tient en haleine ses milliers de lecteurs et leur offre des belles suées. Mais il s'illustre aussi avec la série aux huit tomes
La Tour Sombre, avec de nombreuses nouvelles, et avec des livres sortant de son genre de prédilection, touchant alors à la fantasy, au polar, voire à la science-fiction. Conseillons par exemple, dans ses œuvres récentes,
22/11/63, livre traitant de l'assassinat de Kennedy, ou encore
Dôme.
Électrisant.
Lors de ses six ans, Jamie Morton rencontre pour la première fois le révérend Charles Jacobs, alors qu'il installe tranquillement ses soldats dans son bac à sable de gamin. Une première rencontre qui se soldera très vite par une amitié, mais surtout par d'innombrables rencontres tout au long de leurs vies mouvementées.
Charles Jacobs voue un culte à l'électricité. Passionné par un phénomène à la fois complexe et simple, cruellement dangereux, il ne cessera de rechercher ce qu'il appelle "l'électricité secrète", celle qui est capable d'aller au-delà.
Mais pour cela, il devra multiplier les expériences, et trouver des cobayes. Quoi de mieux alors de proposer de soigner tous les maux avec de l'électricité divine ?
Mais rien ne va se passer comme prévu...
Mitigé.
Revival, assurément, n'est pas un mauvais livre. Néanmoins, c'est un mauvais King. Vendu comme un roman d'horreur, on n'y décèle pas la moindre touche. On suit les déboires de Jamie Morton tout au long de sa vie chaotique, d'abord d'enfant, puis de guitariste junkie sans le sou, et de repenti effrayé par le révérend Jacobs. Le tout traîne en longueur terriblement, et si les passages concernant le révérend sont très intéressants puisqu'on arrive à le suivre dans son cheminement, ils sont bien trop rares.
La force de Stephen King est de proposer systématiquement des personnages travaillés, convaincants, et c'est ici à nouveau le cas. Aussi bien Jamie que le révérend, qui seront à peu de choses près les deux seuls protagonistes de l'histoire, sont bien campés, et prennent bien en ampleur durant l'ensemble du récit.
Mais, si la lecture est agréable (on y retrouve bien évidemment le style propre du Maître, agréable, accessible, rythmé), et si l'intrigue tient bien la route, c'est la fin qui pêche. On prend le temps durant 500 pages de s'immerger dans l'univers dépeint qui offre de belles références à Shelley et Lovecraft, mais on se retrouve avec une fin bâclée, qui sera d'ailleurs la seule touche de fantasy du livre, et dont on se serait bien passé finalement. Ce n'est pas au niveau des meilleurs King et indigne de la quatrième de couverture qui ne rechigne pas à vendre une fin extraordinaire (marketing quand tu nous tiens...).
C'est d'autant plus dommage que le personnage de Jamie Morton que l'on suit sur une vie entière est très bien construit, et celui du révérend Jacobs est d'autant plus intéressant qu'il ne représente pas un antagoniste méchant par sa méchanceté, mais uniquement par sa passion dévorante. Le Maître tenait potentiellement deux formidables personnages. Dommage.
Pour les fans intransigeants, et les amateurs de Stephen King, passez votre chemin : vos attentes seront déçues. Pour les autres, Revival n'est pas un mauvais livre : venez vous y frotter.