Neuromancien

William Gibson - Neuromancien

Une star de la science-fiction

Voici la réédition de Neuromancien, un roman qui fit de son auteur William Gibson une véritable star et qui fonda un genre, le cyberpunk. Rappelons que ce livre obtint le Prix Hugo en 1985 et prix Nebula en 1984et eut un tel écho qu’il influença un grand nombre d’artistes au-delà de la science-fiction, comme le médiocre Billy Idol ou le groupe U2 (l’album Zooropa en 1993 s’inspire de thèmes de l’œuvre de Gibson). En voici donc une nouvelle traduction, due à Laurent Queyssi, qui vient après celle de Jean Bonnefoy en 1985.

La seconde chance de Case

Hacker de génie, Case est désormais incapable de se connecter à la matrice après avoir été victime d’une mycotoxine qui lui a endommagé le système nerveux. Il erre dans les rues de la conurbation de Chiba au Japon, buvant, déprimant et se droguant, malgré la présence de Linda Lee. Puis arrive Armitage qui lui propose un boulot et surtout des opérations qui vont lui permettre de pouvoir se reconnecter. Il n’hésite pas longtemps bien sûr, surtout avec des tueurs à ses trousses et Linda se fait assassiner…

Aidé de Molly, une tueuse aux griffes implantées dans ses ongles, Case va donc devoir pénétrer dans le système informatique d’une multinationale, la Tessier-Ashpool. Il est loin de se douter qu’il va bientôt rencontrer une Intelligence Artificielle… et bien d’autres dangers.

Un roman fondateur

Voici une réédition qui est une bonne surprise. On avait gardé un souvenir plutôt nébuleux de l’édition de 1985 et puis William Gibson est un auteur complexe, pas si facile d’accès. Le travail de Laurent Queyssi est donc remarquable. Neuromancien est une borne dans l’histoire de la science-fiction, peut-être un des rares romans du genre à avoir marqué la culture populaire (il y eut Dune avant) en créant de toute pièce le cyberpunk. Des visions de Gibson, U2 a tiré un album remarquable, répétons-le, mais il y a eu aussi des films comme Ghost in the Shell ou Matrix, sans compter des quantités de jeux vidéo qui ont recyclé l’esthétique de ce genre (dans lequel se sont aussi illustrés Bruce Sterling ou Tom Maddox) fondé par inadvertance. Car au fond, nous sommes ici face à un polar existentiel, marqué par l’esthétique du film Blade Runner, par Dick ou Ballard aussi. Et le résultat est enthousiasmant. A (re)lire.

Sylvain Bonnet