Les quatre vents du désir

Ursula K. Le Guin - Les quatre vents du désir

Une autrice reconnue…

Voici la réédition d’un recueil paru chez Presses Pocket il y a une quarantaine d’années (avec une couverture de Siudmak, nostalgie) et qui a reçu outre-Atlantique le prix Locus 1983. Le recueil est constitué de six parties : Nadir, Nord, Est, Zénith, Ouest, Sud. On peut y voir aussi un panel assez représentatif du talent d’Ursula Le Guin (1929-2018), écrivaine connue pour La main gauche de la nuit et le cycle de Terremer, représentative de ce qu’on a appelé fort justement la speculative fiction.

…Qui a plusieurs cordes à son arc

Commençons donc avec L'Auteur des graines d'acacia, nouvelle courte, abordant des questions de linguistique (en commençant par les fourmis !), dans un genre complètement différent des Langages de Pao de Jack Vance ou de Babel 17 de Delany ! réussi. On ne peut en dire autant de La Nouvelle Atlantide, nouvelle assez incompréhensible, située dans un futur proche et décrivant une Amérique policière. Tout le monde a des moments de faiblesse. Elle redresse le niveau avec une histoire comme Le Chat de Schrödinger, écrit avec humour. Le test décrit un futur dystopique (mais proche ?) ou gouvernement mondial s’est établi grâce à des tests de santé mentale, la folie semblant ici se répandre comme une épidémie de grippe : angoissant.

Des joyaux

Dans les petits chefs d’œuvre que compte toujours un recueil de nouvelles, il y a Sur où une expédition part à la conquête du pôle du sud, avant celle d’Amundsen et est constituée entièrement de femmes sud-américaines. Féministe et émouvant. Citons également L’œil transfiguré : voici une histoire sur l’acclimatation de l’espèce humaine sur une autre planète. Le jeune Genya refuse de prendre son traitement. Il ne peut se marier et avoir des enfants avec Rachel. Mais c’est un artiste, il peint la Terre originelle telle qu’il la voit, ce qui fait prendre conscience que son génome révèle quelque chose de différent. Émouvant et vertigineux. Avec Labyrinthes, nous sommes devant une histoire de premier contact via la danse. Étrange et cela fait penser de loin en loin à La guerre des marionnettes d’Adam Troy-Casto. Terminons avec Le récit de sa femme. Le décor est simple : voici une épouse aimante, des enfants adorables et un mari qui… se transforme en loup-garou. L’histoire est racontée du point de sa femme. Intéressante et subtile variation sur un thème éprouvé. Une preuve supplémentaire du talent unique d’Ursula Le Guin.

Sylvain Bonnet