Crésudi dernier ?

Crésudi dernier ?

Pas très éloignés des récits de Kurt Vonnegut Jr, à peine moins échevelés que les délires de Raphaël Aloysius Lafferty, les textes de Paul Van Herck le placent indéniablement parmis les hurluberlus de la SF. S’il n’a pas laissé dans les mémoires une empreinte aussi durable que celles d’un Douglas Adams ou d’un Robert Sheckley, l’humour bien affûté que l’on trouve dans ses romans n’en est certes pas responsable ! Ce Néerlandais bien connu dans la région d’Anvers au cours des années soixante grâce au succès local de ses pièces de théâtre radiophoniques n’a vu traduits en français que deux de ses romans, Caroline, ô Caroline et Crésudi dernier ?

Crésudi, la SF en contrejour…

Sam écrit des romans de science-fiction qui ont eu un succès enviable en pays Flamand. Il vient de mettre un point final à son quatrième ouvrage, Les monstres d’Arcturus, et en apporte le manuscrit à son éditeur. Hélas, sa confiance et ses plus beaux espoirs se voient réduits à néant lorsqu’il apprend que la science-fiction, accusée d’élargir l’esprit de ses lecteurs au point de les rendre fous, viens d’être interdite dans la plupart des pays du monde ! Des autodafés sont même prévus, auxquels nous sommes tous conviés à participer… Le bonheur se trouve pourtant peut-être à la portée de Sam, car il vient de tomber amoureux d’une richissime héritière qui lui a donné rendez-vous Crésudi prochain. Si seulement il savait quand se trouve ce jour secret, que les riches utilisent pour s’enrichir et se moquer des pauvres ! Vautrés sur une pile de linge sale, une bière à la main et un cigare sur l’oreille, des petits martiens goguenards regardent le spectacle en ricanant…

Un jour ou l’autre…

Il ne faut pas longtemps au lecteur pour prendre conscience que le monde dans lequel évoluent les protagonistes de ce roman farfelu ressemble au nôtre, en une version à peine moins absurde. Du contrôle croissant de exercé par la société sur la littérature jusqu’à l’interdiction de certaines de ses formes, il n’y a qu’un pas, que certains éditeurs anglo-saxons du vingt-et-unième siècle hésitent de moins en moins souvent à franchir… Si la science-fiction a été interdite Crésudi dernier, le roman se refuse à penser à la place de son lectorat et déroule le récit d'une expédition effrénée à travers le temps et quelques-uns des lieux les plus communs des littératures de l’imaginaire. Quelques références parsèment le roman de clins d’œils plus ou moins appuyés à quelques auteurs remarquables et Cresudi dernier pourrait sans démériter se poser en épisode inédit de Martiens go home ! Les situations les plus extravagantes se succèdent à un rythme soutenu et, loin de lasser, maintiennent efficacement l’attention. S’il est peu probable de retrouver un jour Crésudi dernier sur les tables de nos librairies, il en reste suffisamment d’exemplaires d’occasion en circulation pour satisfaire la curiosité des explorateurs littéraires les plus motivés…