Isolation

Isolation, passionnant mais ardu, de Greg Egan !

L’humanité sous cloche, un détective sous pression

Depuis le 15 novembre 2034, la Terre et le système solaire sont coupés du reste de l’univers par une Bulle. Cela n’empêche pas l’humanité de continuer de vivre comme avant, avec un beau cortège de guerres, de pollution, etc. Ex-flic, Nick Stavrianos est un détective privé qui abuse des mods, des implants qui augmentent ses capacités cérébrales et régulent ses humeurs depuis la mort tragique de sa femme. Au point qu’il se surnomme lui-même le « Boy Scout Zombie ». Il accepte une curieuse affaire : retrouver Laura, une infirme plongée dans un coma végétatif… et qui a disparu de sa chambre d’hôpital en un clin d’œil. L’enquête le mène dans l’enclave de la Nouvelle Hong-Kong, paradis des entreprises en biomédecine. Nick est rapidement piégé par un mystérieux groupe, l’Ensemble, qui lui injecte un mod de loyauté. Et le voilà devenu un fidèle serviteur de l’Ensemble, sans se douter qu’il va bientôt comprendre que notre regard sur l’univers peut en détruire d’autres : la physique quantique va changer sa vie (et la nôtre aussi).

Un auteur et une œuvre à part

Auteur de La cité des permutants, roman récemment réédité au Bélial, et de nouvelles souvent passionnantes (mais ardues) rassemblées dans les recueils Axiomatique, Océanique et Radieux, Greg Egan, dont on ne connaît aucune photo, ne laisse personne indifférent. Déjà publié dans la collection « Ailleurs et demain » chez Robert Laffont, Isolation est son premier roman et ne manque pas d’audace. Cela commence comme un polar, pas mal d’ailleurs, sous grosse influence cyberpunk (les mods) et avec une hypothèse de départ qui annonce Spin de Wilson (ce système solaire isolé par une Bulle), avant de tourner à la quête métaphysique sauce physique quantique (lecteurs non-scientifiques, accrochez-vous et attention aux maux de têtes). Isolation secoue pas mal encore aujourd’hui.

Sylvain Bonnet