A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 3, dirigée par Bertrand Campeis et Hermine Hémon, aux éditions Rivière Blanche, Elodie Serrano revient sur l'écriture de sa nouvelle, La Nuit de la louve.
Actusf : Bonjour, Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu'écrivain ?
Elodie Serrano : J’ai toujours aimé écrire. Les rédactions étaient mon type de devoir préféré à l’école et j’ai même bravé ma prof de français au lycée à l’époque quand elle nous a déconseillé de tout tabler sur l’écriture d’invention pour le bac de français (moi, têtue ? du tout).
À l’adolescence, j’ai découvert les forums d’écriture et retravaillé mes premières nouvelles, sans grand succès. Et puis les étude s’en sont mêlées et je n’ai quasiment plus écrit pendant un long moment.
Avant d’y revenir, grâce à la communauté d’un nouveau forum d’écriture. Cette fois-ci, j’ai travaillé un peu plus sérieusement (contrairement aux âneries que je racontais dans mes nouvelles) et j’ai fini par convaincre des gens de publier des nouvelles. La stratégie de noyer les revues de textes jusqu’à ce que ça marche a visiblement payé (bon, pas par la lassitude que j’attendais… on dirait bien que j’ai fini par m’améliorer au passage).
Depuis, j’ai un recueil qui est paru chez Malpertuis et un roman chez Plume Blanche. Un second est prévu chez ActuSF.
Actusf : Comment avez-vous découvert l'uchronie ? Y a t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?
Elodie Serrano : En tout franchise, je lis très peu d’uchronie (vous pouvez huer).
Mais j’ai été assez impressionnée quand je l’ai lu par « Roma aeterna » de Robert Silverberg.
Actusf : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l'aventure Dimension Uchronie ?
Elodie Serrano : Quand l’anthologie a été lancée, on m’a demandé si ça ne me tenterait pas d’écrire une nouvelle uchronique. Je suis une bille en histoire et pas grande copine avec les recherches, alors je n’aurais jamais songé à écrire de l’uchronie par moi-même, trop de boulot (oui, je suis paresseuse en plus d’être têtue). Mais je ne suis pas femme à résister devant un challenge. Alors j’ai accepté et mis les neurones au travail sous le fouet.
Actusf : Comment s'est passé l'écriture de votre nouvelle ?
Elodie Serrano : Le texte a longtemps mariné avant d’être contraint et forcé sur le papier.
L’idée a surgi plutôt facilement, une fois la réflexion lancée dans le bon sens, mais la mise en pratique… Ça a été beaucoup plus compliqué. Je ne savais pas comment construire mon univers correctement en ayant choisi un point de divergence aussi lointain (bah oui, je vous ai dit, nulle en histoire). Alors j’ai attendu de voir si une illumination ne se produisait pas.
Bon, on sait tous comment ça se passe, aucun lutin ne vient écrire pendant qu’on a le dos tourné. Alors j’ai fini par trouver l’inspiration, puisée dans la bien nommée panique de la deadline approchante.
Actusf : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?
Elodie Serrano : De formation, je suis vétérinaire. Pour ma thèse, à l’époque (si lointaine…) j’ai voulu travailler sur l’image du loup dans les littératures de l’imaginaire. Forcément, j’ai dû m’intéresser aux faits sur le loup. Leur vie, leur œuvre, mais surtout leur extinction. Et ce qui m’a marqué à l’époque et me reste aujourd’hui est cette haine viscérale de l’animal en occident, pas mal poussée par la culture et la religion.
Alors quand j’ai cherché des idées pour écrire une nouvelle uchronique, je me suis dit : parle de ce que tu connais (bah oui, comme ça pas de recherches, pas folle la guêpe). Et il se trouvait que je connaissais bien le loup.
Alors je me suis posé cette question : que se serait-il passé si on n’avait pas autant haï le loup ? Par extension est arrivé le point de divergence de mon texte : un monde où l’on prêche le respect de la nature comme la Création de Dieu, la faune sauvage devant être respectée et révérée. À l’opposé de la culture bien occidentale d’une nature au service de l’Homme, là pour être pliée à notre volonté.
Actusf : Y-a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l'écrivant ?
Elodie Serrano : Quand je l’ai pitchée à Bertrand, incertaine du caractère uchronique de mon idée, je l’ai présentée ainsi : une nouvelle écolo-féministe. Je crois que ça résume le ton.
Actusf : Travaillez-vous sur d'autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?
Elodie Serrano : Mon roman à venir se déroule dans un univers gaslight fantasy. Plus imaginaire qu’uchronique à mon sens. Mais si on veut absolument trouver une réponse capilotractée…
Après, de façon plus sérieuse, par défaut mon cœur d’autrice ne me porte pas particulièrement vers l’uchronie. Mais, comme je l’ai appris en finissant par écrire une roman avec du voyage dans le temps alors que je m’étais promis que jamais au grand jamais je ne mettrais le doigt dans cette horreur absolue, on ne doit jamais dire jamais. D’ailleurs, il est probable qu’en disant que je n’en ferais pas je me sois condamnée à en faire tôt ou tard. D’autres personnes avec un troll à la place de la Muse ?
Donc, si l’idée se présente, un jour, pourquoi pas ?
Actusf : Les mots de la fin vous appartiennent, c'est à vous !
Elodie Serrano : Je ne suis pas vraiment une fille très partageuse, alors je les garde pour moi. Na !