L’uchronie, la recette du succès
Depuis dix ans, Jean-Pierre Pécau et ses associés Fred Duval et Fred Blanchard animent la série uchronique Jour J, proposant des histoires en un, deux voire trois volumes. Et vu la durée, ça marche parce qu’ils savent à la fois donner des histoires bien documentées, ancrées dans le réel (ainsi du tryptique Le Prince des ténèbres qui partait des attentats du 11 septembre, cette fois-ci déjoués) ou l’imaginaire. Ici, ils se proposent de partir de l’hypothèse suivante : et si Louis XIV avait été tué pendant la Fronde ?
Le vengeur du jeune roi
Automne 1651, en pleine fronde, le jeune roi Louis XIV, son frère et sa mère fuient Paris protégés par le mousquetaire et maître d’armes d’Artagnan. Ce dernier se voit chargé par la reine Anne d’Autriche de porter un pli à Mazarin pour qu’il rentre en France. Avant son départ, d’Artagnan fait la fête et finit la nuit avec une belle soubrette… et découvre au réveil le jeune roi et sa mère assassinés. Le seul survivant est le petit Philippe qu’il amène chez son oncle Gaston. Mazarin lui conseille de disparaître un temps et d’attendre. Vingt ans passent et le royaume de France est partagé entre les Grands sous l’égide du roi d’Espagne qui n’a laissé à Philippe que l’île de France. Quant à d’Artagnan, Mazarin, mourant, le revoit en le suppliant d’aller à Belle-Île retrouver Fouquet. Car en coulisses, le nouveau roi d’Espagne veut mettre fin au royaume de France. Soutenu par Fouquet, d’Artagnan est prêt à s’y opposer, une occasion pour lui de retrouver ses amis Porthos et Aramis…
Et ça marche toujours
Travailler sur la série Jour J, c’est s’imposer des cadences industrielles : 38 albums en neuf ans ! Pour autant, l’histoire fonctionne ici encore une fois, sans originalité mais avec efficacité, ancrée dans les romans d’Alexandre Dumas et l’histoire de la Fronde même si personne n’aurait pu faire assassiner un roi de France, personne sacrée… Après quelques pages hésitantes, au niveau des visages surtout, le graphisme de Vladimir Aleksic réussit à atteindre un niveau acceptable. A lire donc.
Sylvain Bonnet