Point d'inversion
Voici le premier roman d'une californienne, qui, encouragée par le prix Nebula poursuit l'écriture de la Saga de l'Empire Skolien qui compte aujourd'hui huit volumes. A l'instar de La Ligue de tous les mondes de Le Guin chaque roman se lit de manière indépendante.
Deux sortes de télépathes
Dans un avenir lointain, l'humanité se divise en trois parties. Les Alliés sont les descendants des humains comme vous et moi. Les Skoliens et les Troqueurs ont évolué et sont pourvus de pouvoirs télépathiques. Les premiers sont des empathes, ils émettent et reçoivent alors que les seconds ne sont que récepteurs. Cette anomalie en a fait une race de sadiques qui ne prennent du plaisir qu'en torturant des Donneurs - émetteurs assez puissants pour les satisfaire.
Une future impératrice
Soz est une skolienne, Principale des forces spatiales et une des deux personnes que son demi-frère, l'empereur, considère digne de lui succéder. Pour son plus grand malheur, elle a été Donneuse, a été mariée deux fois et à chaque fois tragiquement délaissée, bref elle attire les coups du sort (comme la célèbre famille de La Petite Maison dans la prairie).
Sa vie se complique lorsqu'elle rencontre par hasard ( ! ! !) un Troqueur qui n'est autre que l'héritier caché de l'Empire qu'elle combat depuis sa naissance. Elle va comprendre sa véritable nature et tomber amoureuse (encore pas de bol) de lui. D'une situation qui aurait pu déboucher sur un choix cornélien, Catherine Asaro s'empêtre dans un fatras de sentiments qui confine à la caricature. Au fur et à mesure de la lecture, l'énervement du lecteur va croissant.
Le meilleur argument des machos
Si une série de livres indépendants pouvait faire penser à Ursula K. Le Guin, il faut bien avouer que l'analogie s'arrête là. En effet, Point d'inversion est au final gluant de sentimentalisme et poussif. Catherine Asaro livre un roman larmoyant où l'héroïne hésite entre l'auto apitoiement et l'optimisme béat. L'inévitable happy end conclut un bouquin extrêmement agaçant que l'on ne peut même pas recommander aux jeunes lectrices (on serait d'une part taxé de sexisme mais en plus bon nombre d'entre elles ne dépasseraient pas la moitié) mais juste à un lectorat très fleur bleue et très très indulgent. Notons que le livre tourne à la caricature pure et simple aussi bien dans les sentiments féminins " Nous fîmes l'amour au milieu des nuages, flottant ensemble une dernière fois " que dans les scènes d'action. L'apogée du ridicule arrive avec cette scène de combat dans l'espace digne de Bioman :
" - Zaborouge présent, pensa Rex.
- Zaboor présent, pensa Helda
- Zabovert présent, pensa Taas.
- Zabo, bien reçu, répondis-je. "
Cela faisait bien longtemps qu'on avait remarqué que les prix, même les plus prestigieux, n'étaient qu'un argument de vente… Mais, là, il faut faire attention, ça commence à se voir. Si l'avenir du space opera est dans la fusion de Bioman et de La petite maison dans la prairie, personnellement, je me mettrais à la Hard Science, c'est dire…
Et pour clouer le bec aux machos…
Bref, si vous voulez lire un bon roman avec un personnage principal féminin qui sonne juste et derrière une véritable réflexion tout en restant dans la même gamme de prix, je ne peux que vous conseiller Elle qui chevauche les tempêtes de Martin et Tuttle aux éditions Denoël, collection Lunes d'encre.