Livre
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Bloodsilver

Didier Graffet (Illustrateur de couverture), Wayne Barrow ( Auteur)
Aux éditions : 
Date de parution : 30/09/06  -  Livre
ISBN : 9782915159882
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Nathalie   - le 20/09/2018

Bloodsilver

Ne cherchez pas Wayne Barrow sur le net, est-ce l’héritage de sa mère navaro ?, il est parvenu à effacer toute trace de son existence (hors quelques référencements du présent livre), son immense silhouette a réussi à échapper au filet.
Sans doute par purisme et par modestie, mêmes motivations qui lui avaient fait refuser un Award For Inspiring Presence proposé par l’académie des Hugos sous la pression des plus grands auteurs vivants de Silverberg à Cory Doctorow. Le nom de cet auteur a circulé dans le cénacle de la SF américaine, au point d’en faire une quasi-légende sans aucun soutien marketing.
Ne cherchez pas Wayne Barrow sur le web, il est tout entier dans ses livres, à commencer par celui-ci, le premier traduit en France, où fantastique et western se livrent un duel effréné, et de longue haleine.
D’ailleurs, ne cherchez pas trop Wayne Barrow, …ou alors préparez-vous à le trouver.

A l’ouest, du sang nouveau…

1691, la mer dépose sur les rivages de Manhattan une étrange cargaison : des créatures assoiffées de sang, de cette espèce que les Grecs appelaient Broucolaques mais qui sont maintenant connues sous le nom de vampires. Entassés dans une procession de chariots, ils entament bientôt une progression vers l’Ouest, et protégés par le plomb qui recouvrent les bâches de leurs véhicules ne laissent dans leur sillage que cadavres exsangues. Qui pourrait stopper cette inexorable et impitoyable conquête, décimer ces pionniers quasi invincibles ? A ces proies redoutables, il faut des chasseurs hors du commun…

Destins individuels et naissance d’une nation

Le livre enchaîne les narrations à la première personne, nous plongeant au plus intime des parcours des protagonistes, parfois sur plusieurs dizaines d’années, parfois lors d’un épisode clé, d’un moment historique. Cette variation de narrateurs donne une grande diversité de tons.

Quelques documents, comme autant de pièces au dossier émaillent le livre, replaçant les scènes décrites subjectivement dans un contexte plus universel, dans une trajectoire globale.

Western spaghetti al Dante

Bloodsilver mêle thématiques fantastiques (vampires mais aussi fantômes et autres possédés), procédés uchroniques et scènes anthologiques de western, le tout saupoudré de piment coupé d’un certain humour…à froid ça va de soi.

Les figures historiques y croisent et y côtoient les personnages légendaires, Wayne a plus d’un clin d’œil dans son chargeur et n’hésite pas à enrôler dans son histoire jusqu’aux personnages de série télé, à insérer dans son récit les symboles les plus évidents du rêve américain…qui vire vite au cauchemar.

L’histoire vue par la lunette des armes à feu

Ce traitement inédit des vampires brouille les pistes et, rusé, Wayne construit parfois des traces factices.


Il donne à lire à la fois une grande fresque épique dans laquelle la lune des Brookes éclipse (lui fait de l’ombre ? la teinte de rouge) la bannière étoilée et une fascinante galerie de portraits où les traqueurs finiront traqués (souvent par les fantômes de leurs victimes), où les prédateurs traversent parfois d’atroces angoisses parce qu’ils sont séparés de leur clan, où les tireurs débutants ont parfois plus de la chance que les redoutables tueurs, où un enfant peut parfois sauver sa famille et où la Famille peut abandonner ses enfants parce qu’ils sont infirmes. Dans cette cavale narrative, un Chasseur devenu président des Etats-Unis peut reculer quand il est pris pour cible par une vieille cinglée et ceux qui tentaient de protéger les humains peuvent se faire détester par ceux-là même aveuglés par l’appât du gain. Trappeurs et proies sont les deux faces d’un billet d’un dollar, tous les deux imprimées par la même haine, la même rage, délavées par les flots de sang.

L’on ne saura sans doute jamais si Wayne Barrow tape ses romans sur une Underwood mais quelle que soit la marque de sa bécane c’est sûr, elle sait aussi inventer des histoires.

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