La Saga de Mme. Atomos

André Caroff est un auteur prolifique de romans policiers,et de science-fiction. Il était d'ailleurs un des piliers de la collection Anticipation du Fleuve Noir, avec plus de trente romans écrits pour cette dernière. On lui doit, par exemple, la série Abel6666.4bis AG ou La Saga des Rouges.
Il est également l'auteur des dix-huit tomes de la Saga de Mme. Atomos, que Black Coat Press, dans la collection Rivière Blanche, a réédité intégralement en omnibus.
Le tome 5, comme les précédents, regroupe trois romans : Mme. Atomos change de peau (1968), Mme. Atomos fait du charme (1969) et L'Empreinte de Mme. Atomos (1969).
L'ouvrage est complété par une préface de Dominique Rocher et une nouvelle de François Darnaudet et Jean-Marc Lofficier, intitulée Au vent mauvais..., mettant évidemment en scène la sinistre Mme. Atomos.

Trois aventures de Mme. Atomos.

Précédemment, Mme. Atomos a subi un terrible revers. Elle a échappé de peu à la force Dragon vert, Smith Beffort et Yosho Akamatsu. Mais elle est toujours vivante, et décidée à se venger des États-Unis qui ont assassiné sa famille et des dizaines de milliers de Japonais lors des bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki. Dans Mme. Atomos change de peau, elle a décidé d'éliminer les notables de la ville de Cincinnatti, un à un, en représailles. Ce n'est en fait qu'une diversion pour reconstruire un laboratoire qui lui permettra de fabriquer des armes de destruction massive. Beffort, Akamatsu et Mie Azusa réussiront-ils à protéger Cincinnati et à capturer la redoutable Japonaise ?


Enfin, L'Empreinte de Mme. Atomos raconte la suite de la traque de Mme. Atomos par les héros de la série. Démasquée, elle doit de nouveau se cacher. Mais elle ne stoppe pas pour autant ses efforts de vengeance. Cette fois, elle piège Smith et Mie et attend que la mort lente qu'elle leur a préparée soit avérée pour lancer un gaz toxique qui tuera des millions d'Américains. Toutefois, la force Dragon vert ne compte pas la laisser faire...

Du roman de gare pour nostalgiques.

Mme. Atomos est une femme terrible. Japonaise, elle a échappé aux bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki, contrairement à sa famille. Elle voue une haine inextinguible aux Etats-Unis, qu'elle a promis de faire payer chèrement leurs crimes envers la nation nippone.
Chaque tome de la série voit donc s'affronter Mme. Atomos, Smith Beffort du FBI et Yosho Akamatsu de la Tokkoka. Ces derniers peuvent compter sur la force Dragon vert, constituée principalement d'anciens criminels qui se rachètent en participant au combat contre Mme. Atomos.

Les Mme. Atomos sont des romans de gare. Avec leurs cent cinquante pages, ils se lisent vite, ne nécessitent pas une concentration extrême et détendent allègrement le lecteur, malgré les légers pics de suspense (plutôt que d'angoisse) que laissent planer les pièges tendus aux héros par Mme. Atomos.
Le public visé à l'origine par l'auteur est clairement masculin. Avec sa couverture signée Jean-Michel Ponzio arborant une jeune femme très légèrement vêtue, le tome 5 de La Saga de Mme. Atomos le rappelle. Les trois récits qu'il rassemble le confirment : il n'y a pas de personnage féminin digne d'intérêt (même Mie Azusa n'est pas véritablement ce qu'on pourrait appeler une femme d'action et on la laisse rarement prendre des initiatives), mais ces romans sont écrits à la fin des années soixante, époque où l'on mettait en avant le modèle de la femme au foyer ; Beffort lutte contre le gang Atomos  et l'O.A.A.M.A. (l'Organisation Américaine des Amis de Mme. Atomos) à bord du " Masque jaune ", voiture blindée munie de mitrailleuses qui constitue un parfait substitut phallique au héros (et au lecteur).
Bien sûr, tout cela est tellement énorme, Mme. Atomos est tellement machiavélique (renvoyant les ennemis de James Bond au rang d'amateurs), qu'il y a probablement une part d'ironie de la part de l'auteur. C'est  donc avec un peu de recul que le lecteur doit aborder les Mme. Atomos.

Les anciens fans de la série pourront donc redécouvrir les aventures de la plus sinistre Japonaises que le monde ait jamais porté. Car c'est surtout à eux qu'est destinée cette réédition en omnibus, surtout quand on parle du tome 5.
Les plus jeunes qui ne connaissent pas encore Mme. Atomos comprendront tout car les manigances passées de la Japonaise sont réexpliquées si besoin est. Toutefois, attaquer la série par son treizième tome n'est peut-être pas l'idéal.