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Chasse royale

Sébastien Hayez (Illustrateur de couverture), Jean-Philippe Jaworski ( Auteur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 21/05/15  -  Livre
ISBN : 9782361831929
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MarieMarquez   - le 27/09/2018

Chasse royale

Jean-Philippe Jaworski est né en 1969. Professeur de lettres modernes à Nancy, il a fait une entrée remarquée dans le paysage de la fantasy française avec le recueil Janua Vera puis le roman Gagner la Guerre. Avant cela, il avait affûté ses armes en collaborant à la revue Casus Belli et via la création de deux jeux de rôle, Tiers Âge, se déroulant dans l'univers de Tolkien, et Te Deum pour un massacre, prenant place durant les guerres de Religion au XVIe siècle. Ce premier volume de Chasse royale (car le deuxième tome sera coupé en deux volumes, formant ainsi une trilogie en quatre tomes... Vous suivez toujours ?) à Même pas mort, paru en 2013.
 
Neuf ans plus tard
 
Bellovèse a été accueilli à la cour du roi Ambigat. Bon gré, mal gré, il a fait sa place auprès des héros du Gué d'Avara, même si la méfiance le colle toujours comme une ombre. Neuf ans ont passé. Le souverain a vieilli, le royaume s'est affaibli : les troupeaux sont malades, les récoltes maigres... Pire, les héritiers ont connu un funeste destin. Les dieux se seraient-ils détournés d'Ambigat ? Alors que la cour se rend à Autricon pour l'assemblée des Druides, le passé de Bellovèse le rattrape. Il devra faire un choix : à qui ira sa loyauté ?
 
Coup de maître
 
Il aura fallu patienter presque deux ans pour lire la suite du très remarqué Même pas mort, prix Imaginales 2014, excusez du peu. Deux ans d'impatience, deux ans à trépigner. La suite est-elle à la hauteur des attentes qui se sont forgées durant ce laps de temps ?
 
Contrairement au premier tome, Chasse royale se déroule sur une période très courte, à peine quelques jours. Mais l'action est dense, l'immersion immédiate : dès les premières pages et cette chasse au cerf, on est de nouveau happé dans les royaumes de la Celtique, aux côtés de ces hommes que Jaworski a su rendre si vivants. Si l'auteur n'oublie pas de rappeler à chaque interview qu'il donne que les sources sur lesquelles il s'est basé pour faire revivre cette époque sont bien maigres (il n'existe en effet aucune source écrite directe), les us et coutumes de ces peuples prennent vie devant nous, avec une sensation d'authenticité toujours aussi réussie. Quelle est la part historique ? Quelle est la part fictionnelle ? Qu'importe après tout : ce n'est pas un essai historique que l'on lit, mais une œuvre de fantasy.
 
Si dans Même pas mort on suivait le destin de Bellovèse avec en trame de fond celui de son peuple, on assiste à un glissement dans ce deuxième volume. L'histoire est toujours racontée du point de vue du héros biturige mais les événements rapportés prennent une nouvelle dimension : Bellovèse devient spectateur, il nous raconte les luttes de pouvoir, les machinations des Druides, tout en essayant de trouver sa place parmi les alliances qui se font et se défont au gré des humeurs. Cette nouvelle perspective permet de redonner un souffle à l'histoire : loin de rester restreint au destin d'un seul homme, et de répéter le schéma du premier tome, ce changement de point de vue relance la machine et ne peut que renforcer l'intérêt porté à la trilogie. Le tableau que l'on embrasse à présent est plus large, plus complexe mais loin de perdre son lecteur, cela ne le lie que plus étroitement aux personnages et à l'intrigue.
 
Car une fois de plus Jaworski déploie toute sa maîtrise de la narration et du verbe. Même assailli de termes inconnus, même plongé dans une époque peu familière, l'histoire coule avec une clarté limpide. La langue est précise, ciselée ; les explications du contexte rares mais toujours opportunes. Il n'y a pas de temps mort dans la narration, chaque action, chaque dialogue tombe à point nommé pour apporter sa pierre à l'édifice global. Sur presque 300 pages, nous avons le droit à de la description quasiment heure par heure des événements qui se déroulent avant, pendant et après l'Assemblée, sans que jamais l'ennui ne pointe. On se laisse porté par les images, par le rythme de la langue, par les mystères savamment distillés au fil du récit enfin... Difficile de lâcher le roman une fois commencé.
 
Finalement, le plus frustrant reste ainsi cette coupure à mi-tome. Bellovèse se retrouve une fois de plus face à un choix impossible. Toute la construction du récit s'est faite pour arriver à ce moment culminant, plein de tension et d'incertitude et... Et c'est terminé, il faudra patienter encore de longs mois pour avoir la suite. 
 
Mais ce petit bémol ne peut ternir l'impression globale qui se dégage de ce deuxième tome. Reprenant tout ce qui a fait la réussite de Même pas mort, en l'améliorant encore (qu'il l'aurait cru possible ?), Chasse royale ne fait que confirmer (mais en doutait-on encore ?) du caractère exceptionnel de la trilogie Rois du monde. Il est encore un peu tôt pour crier au chef-d'œuvre mais, tome après tome, on s'en rapproche sans aucun doute. Incontournable.

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