Livre
Photo de Les Geôliers

Les Geôliers

Serge Brussolo ( Auteur), Aurélien Police (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 02/02/17  -  Livre
ISBN : 9782070771486
Commenter
SylvainB   - le 31/10/2017

Les Geôliers

Nos années Brussolo
 
Serge Brussolo est un monument de la science-fiction française. Depuis son recueil Vue en coupe d’une ville malade publié à la fin des années 1970, il n’a jamais quitté le paysage littéraire, livrant des classiques comme Le Syndrome du scaphandrier, La Nuit du bombardier ou Mange-monde publiés dans la défunte et regrettée Présence du futur (qu’il a d’ailleurs aussi dirigée quelques mois). Il proposait une écriture incisive, drôle, violente (un peu comme son contemporain Joël Houssin) et volontiers iconoclaste. Par contre, Brussolo a toujours cultivé sa distance avec le genre, n’hésitant pas à déclarer un jour dans une interview au quotidien de Paris (un journal de droite du monde d’avant internet) qu’il détestait « le space opera et la science-fiction avec des fusées ». Après un long passage par le roman historique, le beau Serge a tenté avec Frontière barbare et Anges de fer, paradis d’acier un retour gagnant dans le monde de la science-fiction. Ses deux romans ne nous ont pas paru satisfaisants, l’auteur semblant mépriser et ses personnages et son intrigue. Qu’en est-il alors des Geôliers, thriller fantastique publié directement en poche par Folio SF ?
 
De la tueuse en série aux mystères de notre monde
 
Quinze ans auparavant, Debbie Fevertown, femme sans histoire et mère de famille, massacrait son mari et ses deux fils avant de fuir sa maison et la ville de Dipton. Malgré tous les efforts de la police, jamais Debbie n’a été retrouvée, sa trace se perdant dans une obscure secte californienne. De nos jours, la jeune scénariste Jillian Caine reçoit un appel de son agent avec une offre mirifique : adapter la vie de Debbie pour le grand écran. C’est la mode, Jillian, malgré ses réticences, est devenue une spécialiste du biopic. Elle s’inquiète un peu lorsqu’elle apprend que c’est Dieter Jürgen qui va se charger de réaliser le film, tant sa réputation de tyran sur un plateau ainsi que son goût pour les performances extrêmes peuvent rebuter. Jillian accepte cependant et commence par faire sa propre enquête, interrogeant des gens qui ont connu Debbie. Elle commence à soupçonner que la ville de Dipton cache bien des secrets, surtout quand les témoins sont successivement assassinés. Lorsque Dieter annonce son intention de tourner le film dans la maison où ont été perpétrés les meurtres, Jillian pourrait prendre les jambes à son cou et déguerpir. Pourtant, elle choisit de le suivre. Elle n’est pas au bout de ses surprises, Dipton cachant bien des secrets…
 
Les limites d’une démarche
 
Soyons clairs : une fois qu’on commence Les Geôliers, on a clairement envie de savoir la fin. En cela, on peut voir à quel point Brussolo maîtrise les techniques narratives du thriller. Et pourtant on reste sur sa faim. D’abord, notre ex-auteur favori fait beaucoup avancer l’intrigue via les dialogues, surtout dans la première moitié du livre, là où, franchement, on s’en serait passé. Ensuite, Brussolo avec Les Geôliers fait feu de tout bois : thriller fantastique mâtiné de conspirationnisme sans compter une ambiance quasi lovecraftienne vers la fin (ça tombe bien, l’auteur de ces lignes vénère le génie de Providence). Pourquoi pas, après tout, sauf qu’on a l’impression à la fin d’un roman à procédés auquel il manque, au final, de l’originalité et de la foi : on a l’impression, persistante (et déjà noté à la lecture de Frontière barbare) que Brussolo méprise un peu son sujet, qu’il est en roue libre. C’est dommage. Pour fans uniquement.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?