Le dernier roman d’Adrien Tomas.
Adrien Tomas signe avec Zoomancie son huitième roman, tranchant cette fois avec son style habituel plutôt orienté Fantasy. Il s’agit là d’un roman de SF d’anticipation (son premier donc!). Par ailleurs, notons que sa plume a déjà été primée, notamment avec l’obtention du prix Imaginales 2012.
Une approche du monde par les animaux.
Faustine, Kamilli et Spider, ont tous la même particularité : Ils savent percevoir le monde autrement, ils savent communier avec l’animal pour s’élever à un autre niveau de conscience. Cette aptitude est d’autant plus incroyable que le futur ne laisse place qu’à la frustration, à la colère et à la destruction. Les trois protagonistes vont finir par se rencontrer et tenter de sauver le monde de son insensibilité chronique.
Un roman sensible mais définitivement maladroit.
Ma lecture est biaisée, je l’annonce d’emblée! Les thèmes abordés sont des thèmes qui me touchent et pour lesquels je m’implique au quotidien : autant dire que c’est aussi ce qui m’a fait aller vers ce roman car, pour être franc, je n’aime pas du tout la couverture (elle ne me parle pas). Après lecture, je suis plutôt déçu.
Nous avons donc deux axes importants dans le récit : l’anticipation de la situation sociale et géopolitique mondiale et l’approche sensible du vivant.
Je n’ai pas du tout accroché à l’aspect anticipation. Si cette anticipation est imagée et probablement empreinte d’un certain cynisme, elle ne me semble pas correspondre à un scénario plausible. Bien-sûr, personne ne peut prédire l’évolution du monde, mais dans un roman, on a besoin d’y croire, ce qui n’a pas été mon cas ici. C'est comme si cette anticipation manquait de fondations et ne reposait sur rien de plus que la vague idée que la société actuelle court à sa perte. Or cet ouvrage me semblait s’attacher à aborder des sujets trop sérieux pour prendre à la légère la description du monde qu’est devenu la Terre en l’absence d’harmonie entre les différentes espèces du vivant!
Justement, concernant le cœur du récit, à savoir la connexion entre l’homme et l’animal, porteur d’harmonie, j’ai également eu du mal. Je trouve les personnages relativement mal dégrossis et les relations avec leur animal trop surfaites. Et, hormis certaines fois, je ne parvenais pas à ressentir la moindre émotion. Pourtant l’auteur martèle cette notion de sensibilité à l’animal, mais rien n’y fait. Je ne crois pas en ce lien avec l’animal qui est présenté davantage comme un lien magique presque subi que comme un lien conscient et volontaire.
Il y a aussi ce paradoxe des personnages dévoués corps et âme à l’animal avec lequel ils communient mais qui s’alimentent en en dévorant d’autres, sans aucun cas de conscience. C’est en partie crédible du fait de la disette qui règne sur le monde mais rien ne laisse penser que ça leur est pénible, ou même que ça leur effleure l'esprit. Ça sonne faux. Et ce genre de détail m’empêche de voir autre chose que des personnages caricaturaux et superficiels centrés sur eux-mêmes et sur leur animal-talisman, unique attache qu’ils portent au vivant.
Je n’ai donc pas apprécié les personnages principaux comme secondaires (les antagonistes ayant bien peu d'envergure!). Quant à l’intrigue, elle ne se délie qu’après au moins 200 pages, et se conclut mollement, sans aucun panache.
Mais ça me fait véritablement mal de ne pas avoir adhéré! Je ne peux qu'être sensible au message très clair de l’auteur : oui nous avons besoin de rechercher une harmonie perdue entre l’homme, l’animal et la nature. Oui nous allons au-devant d’un désastre si nous ne changeons pas notre manière de percevoir le monde et oui c’est vraiment remarquable pour un auteur fantasy reconnu de prendre le pari d’écrire pour défendre manifestement certaines de ses convictions. Mais je crains que s’il n’a su me convaincre, alors que j’étais presque convaincu avant de le lire, il ne saura pas convaincre grand monde... Or, c'est le but de ce roman, à n'en point douter!
En bref, un bel essai qui n'est pas, malheureusement, transformé.
NB : Force est de constater que ce roman a néanmoins eu un accueil chaleureux, ce qui nuance très bien mes propos. Vous pourrez d’ailleurs lire sur Babelio un avis qui est, point par point, le parfait opposé du mien!