L'institut

L'Institut

Faut-il vraiment encore présenter Stephen King ?

Avec une bonne soixantaine de romans à son actif et une œuvre largement adaptée au cinéma et à la télévision, difficile de ne jamais avoir entendu parler de ce maître de l'horreur et du fantastique...
Rappelons donc simplement son actualité la plus récente : parmi ses dernières parutions, « L'outsider », qui vient d'être adapté en série télévisée, la novella « Elevation » et « Sleeping Beauties » qu'il avait co-écrit avec son fils Owen. Citons aussi « Ça », lui aussi adapté à l'écran – mais le grand, cette fois - récemment.

Un mystérieux Institut dans le fin fond du Maine

Luke est un jeune garçon surdoué. A 12 ans, il s'apprête à déménager à Boston pour pouvoir étudier à la fois au Emerson College et au M.I.T. Or il se trouve que de temps en temps, quand il est vraiment excité ou en colère, il a un très léger don de télékinésie qui lui permet de faire bouger, au mieux, une plaque à pizza. Ni lui ni ses parents n'ont jamais vraiment relevé cette petite anomalie somme toute mineure en regard de son intelligence hors norme. Jusqu'au jour où Luke est enlevé, en pleine nuit, pour se réveiller dans une chambre qui ressemble comme deux gouttes d'eau à la sienne, si ce n'est qu'il n'y a pas de fenêtre. Il découvre assez vite que le voilà le tout nouveau pensionnaire (prisonnier serait plus juste) de « L'institut », à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui, où lui et d'autres enfants dotés de dons paranormaux (télékinésie et télépathie) sont soumis à une batterie de tests et d'expériences peu agréables – doux euphémisme ! - avant d'être envoyés dans une mystérieuse seconde partie de l'implantation où ils disparaissent tous à leur tour après quelques semaines et dont aucun n'est jamais revenu...

Les pires monstres ne sont pas toujours ceux que l'on croit

Un pitch qui ne semble peut-être pas révolutionnaire... Et pourtant, de ces thèmes un peu réchauffés (y compris chez lui, on pense à « Charlie » bien sûr mais aussi à l'épisode du devar-toi et des Briseurs dans la « Tour Sombre »), King réussit à faire un excellent page turner ! Un thriller captivant où il distille le suspense à la perfection et qui brille aussi – surtout ?! - par ses personnages et l'art consommé avec lequel il les met en scène pour leur donner épaisseur et substance. Ça vaut bien sûr pour le groupe d'enfants qui se forme autour de Luke, en lutte permanente pour leur liberté mais plus encore pour leur dignité (voire leur humanité ?), mais aussi pour les adultes qui les entourent : personnel 'soignant', gardes, femmes de ménage, … Car cette fois, point de clown démoniaque, d'homme en noir, de sorcier maléfique, d'extraterrestres effroyables, de loup-garou ou autres créatures supernaturelles. Comme dans certaines autres de ses œuvres les plus réussies, la monstruosité provient dans « L'institut » de personnes ordinaires voire parfois même de gens bien, sous le prétexte d'un 'mal nécessaire'. Une monstruosité rampante, à échelle humaine, qui n'en est que plus crédible et donc terriblement plus glaçante...

Et du côté du groupe d'amis de Luke, on sent aussi que le thème de l'enfance – et celui de la forme d'amitié bien particulière dans sa pureté et sa simplicité qui l'accompagne – est décidément un domaine dans lequel King excelle. On retrouve un peu le même genre de dynamique qui faisait de « Ça » un récit d'horreur très réussi mais aussi grand roman un poil nostalgique sur cette période de nos vies. Alors certes, il y a quelques longueurs dans le développement de la seconde partie de l'intrigue de cet « Institut », et les fans de la première heure pourront regretter peut-être les quelques similitudes avec « Charlie ». Mais n'empêche que c'est un des romans les plus viscéralement divertissants et absorbants que j'aie lu récemment. A dévorer à la fois pour les aficionados du genre ou de l'auteur, mais aussi pour les lecteurs occasionnels qui ont juste envie de se laisser emporter par un récit palpitant !